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Fujifilm X-Pro1

 

 
Capteur CMOS 16 Mpx, APS-C (x1,5), 4.3 Mpx/cm
Objectif Fujifilm X 18 mm f/2
Stabilisation non
Viseur Hybride
Ecran 7.6 cm, non TN, 1230000 points, 4/3,non tactile
 
La principale spécificité du capteur du X-Pro1 est l'abandon de la matrice de Bayer, qui permet la capture des couleurs depuis les années 80. Celle-ci, très simple et régulière, a en effet l'inconvénient d'être très sensible au moiré : lors de la reconstitution des couleurs (ledématriçage), des artefacts apparaissent sur les fins détails répétitifs (tuiles, briques, rambardes en particulier).

La nouvelle matrice exige plus de calculs pour reconstituer les couleurs, mais rouge, vert et bleu sont présents sur chaque ligne et chaque colonne, ce qui permet de beaucoup mieux détecter les motifs répétitifs et donc de supprimer le risque de moiré. Il peut donc se passer defiltre passe-bas, l'astuce anti-moiré qui floute l'image sur les capteurs classiques : le X-Pro1 enregistre ainsi précisément l'image fournie par l'objectif, sans perte de piqué.

Le Fuji X100 fut une des références des compacts à grand capteur ; aussi, beaucoup en espéraient une déclinaison à objectifs interchangeables. C'est chosefaite : le Fujifilm X-Pro1 reçoit une monture permettant de changer d'objectif. Il adopte également un nouveau capteur, un CMOS de 16 Mpx au format APS, dont les spécificités techniques promettent une qualité d'image exceptionnelle. Les trois objectifs lancés simultanément (18 mm, 35 mm et 60 mm macro) sont eux aussi haut de gamme et l'ensemble prétend attaquer les meilleurs COI du marché.

Prise en mains

Le X100 est aux photographes ce que la DeLorean DMC-12 est à Doc Brown : ça ramène quelques décennies en arrière. Le viseur optique dans l'angle avec cadre en surimpression, les molettes sur le dessus, la bague de diaphragme autour de l'objectif, le pas de vis pour un déclencheur souple, le revêtement en croûte plastique granitée, tout renvoie inévitablement aux références passées en lorgnant ostensiblement sur les appareils télémétriques.

La construction n'est pourtant pas exempte de quelques fautes de goût : le plastique des touches dorsales est banal, de même que la trappe latérale. Même si le prix n'entre pas dans les critères de notation, on ne peut s'empêcher de se dire que pour plus de 1500 €, on aimerait avoir des commandes en matériaux plus nobles : le Sony Nex-7 s'en sort sensiblement mieux.

Le viseur est, comme sur le X100, hybride. En mode optique, on a une visée adaptée au 18 mm ou au 35 mm, avec en plus les paramètres de prise de vue et un rectangle donnant une idée (très approximative) du cadrage final ; en mode électronique, on retrouve un viseur semblable à celui de l'Olympus E-M5, un peu moins impressionnant que celui d'un Nex-7 donc mais toujours très confortable et profitant d'une grande fidélité des couleurs. Seul regret : les porteurs de lunettes auront un peu de mal à tout voir d'un coup.

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L'écran du X-Pro1 est assez agréable : c'est en fait celui du Ricoh GR D IV, avec les mêmes qualités (bon contraste, gamma et température de couleurs réguliers malgré une petite dominante chaude, et fidélité des couleurs correcte même s'il existe mieux) et pas de vrai défaut. L'affichage, en revanche, saccade beaucoup en basse lumière...

L'ergonomie logicielle est toujours un sujet houleux chez Fujifilm, et le X-Pro1 ne fait hélas pas exception. À l'usage, on ne peut s'empêcher de noter de nombreuses petites bizarreries : par exemple, la molette ne sert à rien en mode prise de vues et dans le menu principal, mais devient indispensable dans le menu Q, et son clic ne sert qu'en mise au point manuelle, pour zoomer brutalement dans l'image.

La répartition des réglages est également parfois chaotique : par exemple, si le menu Q offre un choix des styles d'image, modifier ceux-ci oblige à passer par un menu général particulièrement alambiqué. En outre, le mode vidéo est caché au fond du menu Drive ; quant à la mise au point, avec un interrupteur devant, un sélecteur de zone à gauche, la touche macro sur le trèfle et le verrouillage en haut à droite, on aura vite fait de s'y perdre...

Notons enfin un problème mécanique : alors que la molette des vitesses a un verrouillage évitant le passage accidentel en mode S ou M, celle de correction d'exposition n'a pas de sécurité... Plus d'une fois, l'appareil est sorti du sac réglé pour une sur- ou sous-exposition.

L'autonomie est, comme sur beaucoup de COI, un peu juste : 300 photos, annonce Fuji... Concrètement, si vous avez le déclencheur facile, une deuxième batterie sera obligatoire pour espérer tenir la journée — et attention en l'insérant : il n'y a pas de détrompeur.

Réactivité

Les chronos du X-Pro1 ne sont guère remarquables : le démarrage est raisonnable, l'attente entre deux photos aussi, l'autofocus est loin des µ4/3 et Nex sans être catastrophique non plus, et la rafale est plutôt bonne avec ses 5,5 i/s.

Fuji X-Pro1 - Rapidité

Mais cela cache un vrai problème : les chronos, ce sont les valeurs que l'on obtient lorsque l'autofocus accroche corrctement ; or, en basse lumière, c'est très loin d'être systématique. Même avec le 35 mm f/1,4, le X-Pro1 refuse plus souvent qu'à son tour de faire le point, alors même qu'à l'écran on voit le sujet passer du net au flou. Il lui est également arrivé de valider le point... alors que l'image est floue. La comparaison avec la vitesse et la fiabilité de l'E-M5 ou du GX1 est douloureuse.

Qualité des images

Voilà sans nul doute le domaine où l'on attend le X-Pro1 : Fujifilm a énormément communiqué autour de son capteur inédit (cf. encadré) et de ses optiques haut de gamme.

Fuji X-Pro1 - gestion ISO

Côté capteur, on peut remarquer beaucoup de choses. La première est la gestion de la sensibilité : c'est très bon, tout simplement. Les 16 Mpx de cette taille ne manquent pas, et le K-5, le D7000 ou le Nex-5N ont mis la barre très haut ; mais le X-Pro1 devient la nouvelle référence. Sur les extraits ci-dessus, le bruit est visible à 3200 ISO, mais il est surtout mis en évidence par la sur-exposition de notre scène de test en automatique. Vous pouvez consulter la montée ISO du X-Pro1 sur Focus Numérique, réalisée en manuel : à 3200 ISO, le grain est à peine visible, et il n'est encore nullement gênant à 6400 ISO (surtout sur un tirage 20x30 cm).

Le plus impressionnant reste le maintien absolu du piqué jusqu'à cette valeur, et la légèreté du lissage à 12800 ISO (accessible uniquement en Jpeg). Les références du domaine sont largement dépassées : elles gomment toutes brutalement les détails à ces sensibilités.

Le piqué, justement, est une autre qualité fondamentale du X-Pro1 : l'absence de filtre passe-bas se fait réellement sentir et, lorsque les optiques suivent, la restitution des fins détails est stupéfiante, concurrencée uniquement par le Sigma SD1 (ou des appareils à la définition largement supérieure, comme les 24 Mpx Sony).

Fuji X-Pro1 - Barbie sans flash


Nous avons eu les trois optiques lancées avec le X-Pro1.

Le 18 mm est le maillon faible du trio : il manque distinctement d'homogénéité à pleine ouverture (visible sur un 20x30 cm), et il faut fermer à f/4 pour retrouver une bonne tenue des coins.

Le 35 mm donne des angles légèrement mous à f/1,4 — c'est la moindre des choses à cette ouverture ! — mais offre déjà un bon niveau de détails. Il s'améliore rapidement en fermant et, passé f/4, l'ensemble de l'image est excellent, quelle que soit la taille d'affichage.

Le 60 mm macro est d'une qualité stupéfiante : dès f/2,4 et en pleine taille, l'ensemble du champ paraît parfaitement net mais, en fermant vers f/5,6, on voit apparaître encore un peu plus de détails... À f/8, cette optique est peut-être la plus piquée que nous ayons vue passer au labo, moyens-formats mis à part bien sûr. Le champ couvert (équivalent 90 mm) en fait aussi un objectif à portrait de choix, bien aidé par un bokeh agréable.

L'absence de stabilisation est bien sûr un peu handicapante (avec le 35 mm, il nous a fallu monter à 1/60 s pour avoir une Barbie régulièrement nette), mais les grandes ouvertures compensent un peu : nous avons pu rester à 800 ISO... malgré une sur-exposition flagrante sur ce test.

Vidéo

L'image, en Full HD à 24 i/s, est parfaitement piquée lorsque la mise au point est bonne — ce qui n'est pas toujours le cas : comme en photo, l'autofocus n'est pas la qualité dominante du X-Pro1. La dynamique est en revanche un peu courte, les tons clairs virant vite au blanc, et la cadence est un peu limitée : les vidéos de l'E-M5, à 30 i/s, seront moins saccadées sur un moniteur, et le mode 50 i/s du Nex-7 est sensiblement plus fluide si votre carte graphique suit. En outre, il n'est pas possible de modifier l'ouverture, par exemple, pendant l'enregistrement. Enfin, le son est bien en stéréo, mais il est étouffé et ne permet pas de bien séparer les voix ou les différents bruits.

Au final, l'Olympus fait de bien meilleures vidéos, sans même parler de modèles spécialisés comme le Panasonic GH2.
 
 

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Capteur CMOS époustouflant : excellente qualité d'image jusqu'à 6400 ISO, piqué irréprochable avec de bonnes optiques.

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Boîtier bien construit, préhension agréable.

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Viseur hybride agréable en optique comme en électronique.

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Utilisation très pratique en exposition manuelle.

 

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Détails de finition (boutons en plastique bas de gamme).

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Pas d'écran orientable.

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Ergonomie étrange : molette cliquable quasiment inutile, correction d'exposition sans verrouillage...

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Inconstance de l'autofocus, en particulier en basse lumière.

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Autonomie insuffisante, absence de détrompeur sur la batterie.

4
Le Fuji X-Pro1 est un très bel appareil, qui délivre une qualité d'image de très haut niveau et domine largement les autres modèles à capteur APS, mais il reste pénalisé par une ergonomie déroutante et un autofocus aléatoire en basse lumière. Finalement, il s'avère moins agréable à l'usage que le Nex-7 ou l'E-M5, ses ennemis désignés, et il n'est pas sûr que sa qualité d'image, même largement supérieure, parvienne à compenser...


23/07/2012
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