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Spec Ops : The Line

 


Au fil des prises en main, Spec Ops : The Line nous a chaque fois fait bonne impression, au point de se positionner comme l’une des belles surprises de l’été. A l’heure du verdict, le jeu de Yager Development confirme tout le bien qu’on pensait de lui et peut-être plus encore…

 

VERDICT :

Malgré sa noirceur absolue, Spec Ops : The Line apporte une évidente fraîcheur aux jeux de guerre trop souvent inconséquents et immatures. Allant jusqu’au bout de sa logique, le titre ne laisse pas indifférent et pousse très loin la question de l’empathie dans un jeu de guerre, tout en nous proposant un très bon jeu d’action. Chapeau.

Les plus :
  • Réflexion puissante
  • La ville de Dubaï
  • Gunfights nerveux
Les moins :
  • Une IA perfectible
  • Modélisation des personnages
 NOTE : 17/20
Test de Spec Ops : The Line sur PC, PS3, Xbox 360

« - Pourquoi toute cette violence ? C’est les jeux vidéo ? Ouais, je suis sûr, c’est les jeux vidéo. » Cette interrogation, que l’on doit à l’un des membres de la Delta Force, dirigé par le Capitaine Walker, arrive dans le dernier quart du jeu alors que l’escouade vient de vivre l’enfer. Mais cette réflexion a surtout valeur d’ironie, à l’heure où le jeu vidéo continue d’être présenté comme le bouc émissaire de nombreux faits divers (les choses évoluent petit à petit, heureusement). C’est aussi une manière de dire que le jeu vidéo peut avoir recours à la violence, non pas pour la critiquer (le titre est plus intelligent que ça), mais plutôt pour en dévoiler toutes les conséquences, à travers le prisme d’un champ de bataille. Il est alors moins question de souligner l’absurdité de la guerre (cela va de soi) que de révéler les répercussions morales et psychologiques sur ceux qui la font. Dans la majorité des FPS et TPS guerriers actuels, on sort de la guerre en héros alors que le drapeau américain peut librement flotter sur le toit du monde. C’était moche mais finalement, tout est bien qui finit bien. Dans Spec Ops : The Line, la morale se mêle à un traumatisme qui colle à la peau, dans un conflit qui marquera à jamais des soldats complètement dépassés par des évènements qu’ils ont eux-mêmes créés.



VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER

Le jeu de 2K Games vise finalement la question de l’empathie dans un jeu de guerre, question qu’un certain Six Days in Fallujah avait bien tenté d’aborder, avant que le projet ne soit annulé suite à la grogne (et à la frilosité) du grand public, qui trouvait inadmissible que l’on puisse mêler interactivité et réalité. C’est peut-être pour cette raison que Yager Development place son histoire dans un Dubaï enseveli sous le sable suite à des tempêtes violentes. Mais peut-être pas. Parce qu’un tel contexte permet surtout au studio d’y déployer quelques idées de gameplay (on y revient) mais aussi de se faire le reflet d’un monde capitaliste aux pieds de verre (les buildings de la ville ne sont que des tours de verre où les balles passent à travers comme dans du beurre). La présence militaire américaine est également questionnée via un parallèle avec le conflit Afghan dont le Capitaine Walker vient de sortir. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a fait la connaissance du Colonel Konrad (nom donné en hommage à l’auteur du roman « Au cœur des ténèbres » de Joseph Conrad dont s’inspire le jeu). Parti aidé les civils coincés par cette catastrophe naturelle, ce dernier est porté disparu jusqu’au jour où un signal de détresse est capté par les forces américaines. Le Capitaine Walker et son équipe est alors envoyé sur place pour tenter de retrouver le Colonel Konrad, pour lequel il a un très grand respect.


L'ORDRE ET LA MORALE


La plongée dans Dubaï s’apparente à une véritable descente aux enfers pour les membres de la Delta Force, dans un crescendo hallucinant (et halluciné) qui dépasse à peu près tout ce que l’on a pu voir dans le genre en termes de tension dramatique. Le titre excelle à montrer à quel point le Capitaine Walker se trouve peu à peu dépassé par les évènements. Une séquence, surtout, dont on taira la teneur, agit comme clé de voûte à l’histoire qui, définitivement, bascule dans l’horreur pure. Entre les corps calcinés évoquant les moments les plus terribles de l’Histoire et les soldats pendus aux lampadaires, la traversée dans la cité des Emirats Arabes Unis ne laisse pas insensible. Véritable no man’s land, Dubaï prend la forme d’un microcosme au-dessus de toutes les lois et de toute morale. Tout semble alors possible et le joueur ne sait jamais vraiment jusqu’où le titre l’entraînera, même s’il pressent un sombre final (plusieurs fins attendent le joueur, chacune mettant brillamment en lumière l’impasse morale dans laquelle se trouve le personnage). Il faut d’ailleurs voir comme la dégradation physique du Capitaine Walker vient témoigner de l’altération de son état mental. De la même manière que son comportement, de plus en plus violent (les mises à mort finissent par mettre mal à l’aise par leur virulence), souligne la perte de contrôle totale du soldat.



SOUS LE SABLE


Pour son jusqu’au boutisme et sa manière de traiter le genre sans concession, Spec Ops : The Line mérite déjà qu’on s’y attarde. Mais si le titre est si bon, c’est parce qu’il n’en oublie pas d’être avant tout un jeu vidéo, utilisant même ses spécificités interactives pour confronter le joueur à des choix moraux puissants (démontrant par là-même la force du média). Mais surtout, le jeu de Yager Development se présente comme un TPS solide, qui n’a absolument pas à rougir de la concurrence. Reprenant le système de couverture à la mode des titres à la troisième personne,  Spec Ops : The Line

APRÈS L'ENFER

Pour le reste, Spec Ops : The Line se montre classique mais dans le bon sens du terme. La prise en main se révèle excellente et les gunfights, nerveux et accrochés, offrent de superbes séquences d’action (en mode normal, le titre oppose déjà une belle résistance). Si l’IA n’est pas totalement irréprochable, le comportement des ennemis mais aussi de ses coéquipiers (auxquels on peut donner des ordres succincts comme éliminer une cible précise) est suffisamment réaliste pour ne pas venir gâcher le plaisir de jeu. L’adversaire n’hésite pas à venir nous chercher ou à exploser le décor si celui-ci s’avère destructible. L’autre grande qualité des gunfights provient aussi du level design, qui joue tout autant sur la verticalité (dans les buildings, l’ennemi menace sur plusieurs niveaux à la fois) que sur l’horizontalité, mais aussi sur le confinement des espaces ou, au contraire, leur ouverture. Tout au long des sept heures de jeu environ, Spec Ops : The Line manque peut être d’un peu de variété dans son action (même si on trouve quelques passages sur « rail »). Pourtant, il est difficile de lui reprocher tant l’immersion dans Dubaï se montre non seulement de qualité mais aussi intelligente et mature. Passé le générique de fin, le titre laisse indéniablement des traces dans l'esprit du joueur.



24/07/2012
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