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Nikon 1 V1

 

 
 
   
 
Capteur CMOS 10 Mpx, 1", 8 Mpx/cm
Objectif Nikon 1 10 -30 mm f/3.5 -5.6
Stabilisation Optique
Viseur Electronique
Ecran 7.5 cm, non TN, 921000 points, 4/3,non tactile
 
On le sait, la taille du capteur détermine celle des optiques que l'on met devant, et donc de l'appareil photo que l'on met autour. Avec leur capteur de 8,8x13,2 mm, on peut donc espérer que les Nikon 1 soient plus petits que les µ4/3 (capteur de 13x17,3 mm). D'ailleurs, le Pentax Q, avec un capteur encore plus petit (4,6x6,2 mm), est notablement plus compact que n'importe quel autre appareil à objectifs interchangeables.

Ce n'est pas le cas. Certes, le V1 a un viseur, qui justifie une hauteur supérieure, mais pourquoi est-il plus large et plus épais que le Panasonic GF3 ?Pire, pourquoi son 10-30 mm est-il plus long et à peine plus étroit que le 14-42 mm série X qui équipe celui-ci ?

En vérité, peu importe la différence : ni l'un ni l'autre ne rentreront dans une poche depantalon, et une sacoche qui accueillera l'un devrait accepter l'autre. Mais on ne peut qu'être étonné de cette inversion qui met à bas l'un des principaux arguments en faveur du petit capteur.

Mise à jour le 2 décembre 2011 : après de longs débats internes, nous avons finalement décidé de placer les Nikon 1 avec les appareils à grands capteur : construction, volume et qualité d'image les rapprochent plus des µ4/3 que des compacts haut de gamme. La notation a été revue en conséquence : le V1 voit sa note de rapidité révisée à 3 (1,7 s entre deux images, 1,5 s au démarrage, c'était bien en comparaison des compacts, pas en comparaison des hybrides/reflex).

Nikon lance ses "1", son propre système de compacts à objectifs interchangeables. Techniquement, la marque jaune utilise un capteur "entre deux", visant un compromis entre les compacts classiques et les µ4/3 et APS. Logiciellement, quelques modes innovants (image animée, sélecteur optimisé...) doivent "redéfinir totalement l'expérience photographique"... Premier 1 à passer au labo, le V1, modèle haut de gamme équipé d'un viseur et d'une griffe flash.

Prise en mains

Le Nikon V1 est un appareil paradoxal. Il est logiquement plus gros et plus lourd qu'un compact, mais ne propose pas de poignée, tout juste une barre plate qui accroche à peine le majeur. Résultat : bien assemblé, il offre une bonne sensation de solidité, mais une préhension largement perfectible.

Sur le plan ergonomique, on saisit bien la volonté de Nikon de proposer une expérience radicalement différente — histoire de ne pas compliquer la vie duD3100 par exemple. Mais est-il nécessaire, pour proposer une expérience nouvelle, de perdre l'utilisateur expérimenté ?

Le V1 propose toutes les fonctions d'un appareil expert, notamment les classiques PSAM. Mais ceux-ci sont perdus au fond des réglages, malgré la présence d'une molette des modes sur laquelle il restait largement la place de les intégrer : celle-ci ne comporte que quatre positions, proposant la vidéo, la photo (dont les modes PSAM) et les deux nouveautés de l'appareil, la sélection automatique et l'image animée.

Le premier de ces deux modes prend une rafale de vingt images, avant et après le moment où vous enfoncez le déclencheur. Ensuite, l'appareil élimine lui-même quinze de ces images, pour garder les cinq qu'il préfère : par exemple, la reconnaissance des visages est mise à contribution pour éliminer celles où les sujets clignent des yeux.
Le slogan, "ne ratez plus l'instant décisif", fait sourire les photographes expérimentés qui considèrent que surtout, ils ne maîtrisent plus l'instant décisif — les photos gardées ne sont plus celles du déclenchement, mais d'une demi-seconde avant à quelques dixièmes après — mais il s'agit d'une fonction résolument grand public, qui peut permettre de diminuer effectivement le taux de photos ratées pour un détail : on est donc plutôt pour. Le problème, pour nous, testeurs, c'est qu'il n'y a aucun moyen de retrouver les photos éliminées pour vérifier l'efficacité de l'algorithme de sélection...


Le second utilise également le mode rafale, mais enregistre le résultat dans une vidéo Full HD de deux secondes, sans son. Le résultat laisse la rédaction partagée : certains aiment le côté ludique, qui rappelle un peu les portraits animés de l'univers de Harry Potter, mais beaucoup doutent de l'intérêt — les cadres photos et les économiseurs d'écran ne sont souvent pas adaptés à ce type de document, et lancer la lecture pour une vidéo de deux secondes est un peu contraignant.

Si ces modes originaux, à l'intérêt parfois douteux, sont autant mis en avant, il y a logiquement une contrepartie : les réglages experts sont relégués dans le menu. Celui-ci est graphiquement soigné, mais reprend la logique Nikon : des options, encore des options, alignées sans réel effort de classement. C'est plus court que sur les reflex mais plus long que sur les compacts et, pour un appareil public non technicien, on aurait apprécié un effort de clarification...

Surtout que certains choix ergonomiques sont particulièrement étranges. Par défaut, la touche F donne accès au choix de l'obturateur : mécanique, électronique ou électronique (Hi). Même après avoir assisté à la présentation de l'appareil, il nous a fallu creuser pour comprendre la différence entre les deux obturateurs électroniques : en fait, dans le menu général, l'option "électronique (Hi)" permet de sélectionner la vitesse de rafale rapide, de 10 à 60 images par seconde, alors que l'option "électronique" met l'appareil en rafale lente. Vous avez dit intuitif ?

Entendons-nous bien : nous ne sommes pas contre l'évolution, l'ajout de fonctions et la relégation d'autres fonctions. Nous sommes les premiers à dire que les modes priorités sur unHX9V ou un SX230 sont d'une utilité plus psychologique que pratique, que le panorama à la volée et la prise de vues de nuit sans trépied ont révolutionné la photo amateur ou encore qu'il faut réellement explorer les possibilités de prises de vues haute vitesse. Mais est-il nécessaire, pour cela, de perdre le photographe expert ? Et l'argument "grand public" tient-il lorsqu'on met les gens face à un triple choix d'obturateur, fonction de techniciens par excellence ?


Heureusement, le V1 possède aussi quelques excellentes surprises, à commencer par l'écran. Nous connaissions sa finesse et son confort (définition VGA, larges angles de vision...), mais il est en plus particulièrement bien réglé : le gamma se tient entre 2,2 et 2,4 sur l'ensemble de l'échelle de gris, la température de couleurs recouvre la ligne des 7000 K, le contraste frôle les 1400:1... et surtout, ses couleurs sont justes : le deltaE moyen est à 2,4, ce qui est très bon pour un moniteur de bureau et excellent pour un écran d'APN.

Le viseur, quant à lui, ressemble beaucoup à l'Olympus VF-1 vendu pour les Pen. Précis (définition SVGA), il propose un grossissement suffisant pour que la sonde donne des résultats cohérents : gamma entre 2 et 2,2 (excellent), température de couleurs autour de 8000 K (dominante bleue visible), contraste un peu faible et colorimétrie encore correcte (delta E à 3,5) sont ses signatures, et l'affichage simultané des trois couleurs évite les effets arc-en-ciel. C'est un gros avantage face aux bridges et, dans le monde des COI, le V1 sera le seul à proposer celui-ci de série sans trop gréver le prix — le NEX-7 sera sur une autre planète tarifaire.

Il faut noter un bon point : la batterie. Il s'agit de la EN-EL15, qui équipe également leD7000. Sa capacité atteint 15 Wh, soit le double des batteries Casio (les plus grosses disponibles sur les compacts) et de nombre de COI.

Un point faible original, enfin : bien que plus gros que son congénère J1 ou qu'un Panasonic GF3, le V1 n'intègre pas de flash. Une griffe permet de brancher un flash externe, mais celle-ci est incompatible avec les flashes cobra de la marque ; seul le nouveau SB-N5 peut donc y prendre place. Celui-ci est orientable, mais son nombre-guide limité à 8,5 le rend peu utile en éclairage indirect ; pis, contrairement aux flashes amovibles des NEX et NX, le SB-N5 devra être acheté à part, n'étant pas vendu avec l'appareil ! Tant qu'à acheter un flash supplémentaire, on aurait aimé pouvoir utiliser le très sympathique SB-400, mais il n'est pas compatible avec la nouvelle griffe...

Globalement, le V1 est donc un appareil frustrant pour le photographe : il propose des accès directs à des fonctions exotiques mais les fonctions photographiques classiques sont reléguées au fin fond des menus, lorsqu'encore elles sont disponibles. Par ailleurs, son encombrement, ses commandes et ses menus compliquent la vie du non-technicien. Cela justifie une note limitée à trois étoiles, malgré un excellent écran, un viseur unique à ce niveau de gamme et une construction soignée.

Réactivité

Le V1 a la particularité, unique chez les COI actuels, d'être capable de faire de la corrélation de phase. Cela doit lui donner un autofocus aussi rapide que sur les reflex ou même les Alpha, et Nikon n'a pas hésité à comparer le GF3 à un scooter et le V1 à un Lockheed Blackbird.

Le bilan est donc un peu décevant. Certes, le V1 est rapide, mais il n'est pas fondamentalement meilleur que les autres. En fait, au concours des autofocus, il est battu d'une courte tête par le NEX-5N (pourtant limité à la détection de contraste), lui-même logiquement dépassé par l'Alpha 77...

Le reste des chronos du V1 n'est pas extraordinaire, avec un démarrage en plus d'une seconde et surtout une attente de 1,7 s entre deux photos : dans l'ensemble, le V1 est assez réactif, mais ne va pas bouleverser l'univers des COI et reste à des lieues des bons reflex.

Qualité d'image

Le V1 reçoit un capteur inédit, conçu par Nikon, de taille intermédiaire entre les capteurs de compacts et ceux des µ4/3 et autres "grands" capteurs. Toutefois, en se contentant de 10 Mpx, sa densité est plus proche des seconds que des premiers : 8,6 Mpx/cm², contre 7 pour un G3, 6,5 pour un Alpha 77... et 23 pour un G12.


Le résultat est donc logiquement plutôt bon sur le plan électronique. Si le lissage apparaît à 800 ISO, il est bien contenu et la précision reste bonne jusqu'à la sensibilité maximale (3200 ISO). Plus gênante est la perte de contraste, qui affadit les ombres passés 800 ISO, et la dominante verdâtre des tons foncés à 3200 ISO. Les résultats sont moins bons que sur le Panasonic G3, mais certains pourront préférer ce rendu à celui du GF3 (équipé d'un capteur µ4/3 de la génération précédente), plus constant mais plus granuleux : le V1 est dans l'ensemble très bon sur ce point.

L'objectif 10-30 mm (équivalent 27-81 mm) est de bonne facture, avec un piqué correct à toutes les focales. Il est classiquement un peu moins précis sur les bords, notamment au grand-angle, et nous avons vu passer des objectifs bien plus piqués dans l'ensemble, mais il ne démérite pas.




À noter tout de même : le V1 testé a souffert d'une petite tendance à sur-exposer, notamment lorsque le diaphragme était fermé (f/8 et plus). Plus gênant, cette tendance s'est traduite par une saturation partielle : les canaux vert et bleu saturant bien avant le canal rouge, les gris clairs virent au turquoise. Nous n'avons pas noté cette tendance dans la vraie vie, mais elle est manifeste sur plusieurs photos du labo, plus ou moins visibles selon l'exposition et la balance des blancs (ci-dessus, deux images à réglages identiques, seule la balance des blancs auto ayant fait un choix un peu différent : voyez les tons clairs de l'échelle des gris et le fond de la carte, notamment).

Vidéo

Conformément aux standards du moment, le V1 filme en Full HD. Il propose le choix entre enregistrement entrelacé (60 fps) ou progressif (30 i/s). La fluidité est bonne, le fourmillement est bien contenu même en basse lumière et la qualité est globalement très satisfaisante, même si la dynamique est légèrement limitée (les tons clairs virent au blanc). L'autofocus continu est dans la bonne moyenne.

La prise de son est gênée par un souffle un peu audible, notamment sur les scènes calmes, mais les effets stéréo sont bien marqués, les voix parfaitement intelligibles et la reproduction sonore assez fidèle. C'est donc plutôt bon, d'autant qu'un micro externe peut être branché.

Notons enfin qu'il est possible de photographier pendant l'enregistrement, les images obtenues étant en pleine définition mais au format 16/9.
 
 

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Qualité d'image correcte malgré un capteur plus petit que le µ4/3

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Autofocus efficace

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Petites innovations (image animée, sélecteur d'images...) sympathiques

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Construction soignée, solide, et batterie de grande capacité

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Écran et viseurs confortables et fidèles

 

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Choix ergonomiques étranges (accès directs, prise en mains, pas de molette de réglages...)

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Pas de flash fourni, incompatibilité avec les flashes pour reflex Nikon

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Fonctions gadgets mises en avant au détriment des réglages photo

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Encombrement supérieur à un GF3 + 14-42 mm X

3
Le Nikon V1 est un concept original qui change radicalement des autres compacts à objectifs interchangeables. Hélas, la mise en avant des nouveaux gadgets se fait au détriment des fonctions de base que l'on attend d'un APN avancé : la base est sympathique, mais l'implémentation mérite une refonte radicale... Reste une qualité d'image à peine inférieure au µ4/3, pour qui s'accommodera de l'ergonomie du boîtier.


20/07/2012
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