Difficile d’ignorer la récente présentation de Windows Phone 8 lors de la rédaction de ce test sur le Windows Phone le plus abouti à ce jour : le Lumia 900 de Nokia.

Pour couper court à tout suspense, le dernier né de la gamme Lumia de Nokia est un excellent terminal. Mais comme vous le verrez tout au long du test, quelques regrets (parfois de dernière minute) assombrissent l’horizon de ce Windows Phone haut de gamme.

Caractéristiques

Commençons d’abord par les caractéristiques du téléphone, si vous êtes arrivé jusqu’ici en étant parfaitement hermétique aux actualités concernant le Lumia 900, sachez qu’il s’agit d’un terminal de 160 grammes qui embarque un écran AMOLED Clearblack de 4,3 pouces (résolution WVGA 800 X 480) on retrouve le capteur photo de 8 mégapixel équipé d’une optique Carl Zeiss muni d’une focale de 28mm pour une ouverture de F/2,2 si ce capteur vous semble familier ne cherchez pas plus loin, il s’agit simplement du même qui équipe déjà le Lumia 800, seul le double flash LED du Lumia 900 les distingue.

Autre modification de taille cette fois-ci, l’ajout d’un capteur 1 mégapixels en façade autorisant de fait des possibilités de visiophonie jusqu’alors absentes des terminaux de la marque leader sur le segment des Windows Phone. Un comble pour un partenariat signé avec l’acquéreur de Skype…

Le processeur n’est autre que le Snapdragon S2 de Qualcomm : le APQ8055 une puce simple coeur cadencée à 1,4Ghz, pas de surprises donc puisque l’OS est de toute façon limité à un unique coeur en attendant Windows Phone 8. Pour alimenter l’ensemble, Nokia a fait le choix de 512mo de mémoire vive pour son Lumia 900. Là encore, inutile de mettre en perspective les chiffres plus flatteurs de la concurrence : il ne s’agit ni du même OS ni de la même philosophie, les terminaux Windows Phone et plus particulièrement ceux de la gamme Lumia privilégient l’expérience utilisateur aux tableaux comparatifs.

Concernant le stockage, il faudra compter sur 16Go de mémoire interne ou… c’est tout. Faisant fi de toutes les rumeurs insistantes autour d’une éventuelle version 32Go on se retrouve avec un seul et unique choix, une seule référence pour ce terminal ce qui ne manquera pas de faire grincer des dents. Des dents qui s’effriteront d’autant plus pour certains puisqu’on notera également (et comme c’est le cas sur l’ensemble des terminaux Windows Phone) l’absence de port MicroSD.

La batterie profite du design relativement « massif » du Lumia – 127,8mm x 68,5mm x 11,5mm pour rappel – et passe ainsi à 1830mAh contre 1450mAh pour le Nokia Lumia 800. C’est moins que le Galaxy S3 (2100mAh), mais légèrement plus que le HTC One X (1800mAh). Comme nous le verrons plus loin, une fois encore les chiffres ne représentent que la partie émergée de l’iceberg finlandais.

On termine ce tour des caractéristiques avec la connectivité somme toute standard, mais aussi une déception.

Aux côtés du Bluetooth 2.1 EDR et du WiFi 802.11n, on attendait le support de la technologie en vogue du moment, le NFC. Annoncé par le constructeur peu après la sortie du Lumia 800, il nous tardait de voir la fonctionnalité en action sur le Lumia 900.

En revanche, bon point sur l’internet cellulaire puisque le Lumia 900 est le seul terminal commercialisé en France compatible HSPA+ 42mbps.

Le packaging

Le contenu ainsi que le design du packaging du Nokia Lumia 900 est quasiment identique au Lumia 800 du constructeur. Dans la version testée cependant, pas d’étui en silicone. On retrouve donc un câble microUSB, un chargeur USB, les manuels utilisateurs multilingues (communément appelés « j’y touche même pas ») et les écouteurs qui pour la peine font très « cheap » à côté du terminal.

On regrette d’ailleurs les concernant qu’ils n’aient pas bénéficié du traitement mat de la gamme ainsi qu’un design « plat » à la manière des intras de la marque Jays par exemple.

Des écouteurs qui rendraient justice au Lumia 900

Après tout, le Lumia 900 assume parfaitement son statut de smartphone haut de gamme, un sentiment renforcé par le design de l’appareil sur lequel je m’empresse de vous dire deux mots.

Le Design

Il est toujours difficile d’aborder objectivement l’aspect esthétique d’un téléphone, ou de toute chose d’ordre général. En revanche, je peux m’avancer sans crainte en affirmant que le Lumia 900 est un produit fini et bien conçu. Fini dans ses moindres détails d’une part, la conception de type unicoque (unibody) du smartphone lui confère une homogénéité tout sauf déplaisante. Nokia a d’ailleurs réitéré (à raison) le choix du polycarbonate et c’est une option qui s’avère payante : ce lumia 900 est agréable au toucher, ne glisse pas et sortira de votre poche aussi aisément qu’il y rentre.

En parlant de poche, sachez qu’avec ses 11,5mm d’épaisseur et ses 160 grammes, le Lumia 900ne part pas gagnant sur le papier par rapport aux ténors du marché (8,6mm pour le Galaxy S3). Sur le papier uniquement puisque malgré son volume respectable, l’empreinte du terminal ne se fait quasiment pas sentir lorsque vous ne l’utilisez pas.

En main revanche, le Lumia 900 fait son poids. Je suis pour ainsi dire un geek de la vieille école : élevé aux Qtek 9600 et HTC TyTn II (190 grammes le bougre !). Les terminaux lourds dégagent quoiqu’on en dise un sentiment de solidité rassurant, un sentiment d’autant plus rassurant qu’aucune partie amovible du téléphone ne viendra à vous manquer au fil du temps.

Ce que l’on perd en flexibilité (absence de batterie amovible) on le gagne en fiabilité.

En détail, on retrouve l’écran bombé si caractéristique de la gamme Lumia. Cette légère courbe contribue à une meilleure exploitation des extrémités latérales de l’écran. Bien vu Nokia : le doigt ayant souvent tendance à « épouser » le rebord de l’écran, ce léger renflement sied parfaitement à l’OS qui exploite parfaitement les extrémités des terminaux comme vous pouvez le voir dans cette vidéo (3:00).



Les boutons ensuite, ou devrais-je plutôt parler de touches tactiles. Conformément au cahier des charges de Microsoft, elles sont au nombre de trois : Retour, Windows et Recherche Bing. Rétro-éclairées par une ou plusieurs LED blanches, on regrette d’ailleurs que ce rétro-éclairage ne fasse pas office de notification une absence déjà remarquée sur le Lumia 800.

Dernier mot sur les touches tactiles, on regrette la volonté délibérée de Microsoft de vouloir cantonner le bouton recherche au moteur Bing au détriment d’une utilisation « normale » au sein des applications. Dans celles-ci, il faut délibérément appuyer sur l’icône de recherche à l’écran.

Sur la face avant, on retrouve le capteur de luminosité ainsi que le capteur photo 1MP, le haut-parleur se fait discret et il faut vraiment insister pour le déceler étant donné qu’aucune grille métallique ne vient trahir sa présence.

Si vous avez déjà lu le test du Lumia 800, vous aurez un sentiment de déjà-vu, mais il fallait s’y attendre.

Le dos du Lumia 900 héberge le capteur photo entouré de sa robe métallique ainsi que le double flash LED, seuls éléments à sortir des tons sombres du terminal.

La tranche droite regroupe la totalité des boutons physiques de l’appareil. Un choix du constructeur de centraliser en un point l’essentiel des commandes du terminal on aime ou on aime pas.

On retrouve du haut vers le bas : le couple volume -/+, le bouton de veille/mise sous tension que l’on aurait apprécié soit tout en haut soit sur la tranche supérieure et non perdue parmi ses pairs. Enfin, le bouton physique dédié à l’application photo est toujours présent : un appui long et vous êtes prêt.

Tranche gauche :

Rien (vous étiez prévenus !)

La partie inférieure héberge le micro et le haut-parleur à mois d’apprécier particulièrement ces modèles d’ingénierie finlandaise, il n’y a pas vraiment beaucoup à faire de ce côté-là.

On termine par les sommets. Sur la partie haute du Lumia 900 on retrouve une prise jack 3,5mm ainsi que la trappe qui abrite le connecteur MicroUSB et l’emplacement Micro-SIM.

En résumé : trois boutons tactiles, quatre physiques un connecteur audio, une prise MicroUSB et une trappe Micro-SIM.

Sans transition on attaque la partie son et lumière de ce test.

Ecran et son

Le Gorilla Glass est sur les lèvres de tous les constructeurs en ce moment et Nokia n’y échappe pas. L’écran de 4,3 pouces AMOLED du Lumia 900 reprend donc à la lettre les recettes du Lumia 800 dans un format plus grand. L’écran met les couleurs unies à leur avantage (ça tombe bien vu l’OS), mais manque de pêche dans les scènes chargées. Difficile en effet de ne pas avoir à l’esprit les prestations des terminaux que proposent la concurrence, Samsung et HTC en tête.

Passons ensuite au sujet qui fâche, la résolution : 480×800 c’est peu. Bien entendu l’intégralité du système est optimisé pour cette résolution et à ce jeu Microsoft s’en sort avec les honneurs.

De gauche à droite : HTC One V, Samsung Galaxy SII, Samsung Galaxy S, Nokia Lumia 900

L’interface n’est jamais pixelisée pas plus que les images, en revanche, en navigation internet le manque d’espace se fait rapidement sentir et on regrette d’autant plus que la taille de l’écran ne lui permette pas de s’exprimer pleinement.

Il faudra donc attendre Windows Phone 8 (mais aussi d’autres terminaux hélas) pour véritablement bénéficier d’une expérience Windows Phone « haute définition ».

J’aborde rapidement la partie son : le haut-parleur profite de la conception « pleine » du Lumia 900pour délivrer un son fort, mais toujours aussi métallique à haut volume sur ce genre d’appareils. Les écouteurs inclus seront quant à eux laissés dans la boîte ou utilisés en tant qu’écouteurs d’appoint à moins que la musique ne soit pas votre priorité.

Et des priorités parlons-en, comment se comporte le Nokia Lumia 900 en utilisation de tous les jours ?

Performances, utilisation et autonomie

Pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Si Laurent Blanc ne peut pas en dire autant, Nokia en revanche semble convaincu du dicton et l’applique scrupuleusement à son dernier terminal.

On retrouve la « suite d’applications » Nokia à savoir Nokia Maps, Nokia Drive, Nokia Music et enfin la sélection d’applications estampillé Nokia : App HighLights.

Des arguments logiciels appréciables d’autant plus qu’ils remplacent haut la main (voire apportent tout simplement) des fonctionnalités intégrées au système.

En ce qui concerne les performances pures et dures, difficile si ce n’est impossible de prendre en défaut le processeur pourtant simple coeur du Lumia 900.

On constate toujours sous un regard approbateur l’effort d’optimisation qui a été réalisé par les ingénieurs de Microsoft et cela apporte deux effets bénéfiques immédiatement palpables :

La batterie dans un premier temps se montre particulièrement généreuse : sur la semaine de test passée avec le Nokia Lumia 900, j’ai été contraint de recharger 3 trois fois tout au plus. On parle donc d’environ deux jours d’affilés d’utilisation régulière du téléphone, entre consultations de mails, musique à raison de 4 heures par jours ou encore navigation géolocalisée.

Deuxième point positif toujours à mettre à l’actif de l’optimisation du couple processeur/OS, le Lumia 900 de Nokia ne chauffe pas. Certains diront qu’il faut plutôt remercier le revêtement en polycarbonate, mais ce serait répondre à côté : le terminal est effectivement chaud lorsqu’il est en charge (comme tout smartphone qui se respecte), mais n’est jamais plus que tiède en utilisation normale ou intensive. La puce de Qualcomm sait donc garder son sang-froid, un comble pour un (Snap)dragon…

Au quotidien, on retrouve très vite ses marques si l’on est un habitué de l’environnement Windows Phone : les (nombreuses) transitions latérales se réalisent sans accro et le processeur plus véloce permet de sortir de veille les applications du volet multi-tâches plus rapidement. Force ou faiblesse, le gain de puissance apporté par le nouveau processeur n’est pas aussi visible que sur un terminal Android par exemple : c’était très fluide avant, ça l’est tout autant aujourd’hui, optimisation on vous dit.

Terminons enfin sur la question du multimédia et plus particulièrement de la gestion des transferts de fichiers sur le terminal. Zune Software obligatoire pour le Lumia 900 logé à la même enseigne que son prédécesseur (ou tout autre Windows Phone en fait). Si l’on apprécie (ou non) l’interface très « Metro » de la suite logicielle, on regrettera cependant le manque de clarté toujours aussi flagrant de la solution de Microsoft.

En ce qui concerne l’appareil photo, je vous conseille de vous orienter vers le test du Lumia 800. les capteurs étant identiques il faut vous attendre à du correct avec toutefois de bonnes performances en conditions de faible luminosité grâce à l’ouverture F2,2 du capteur photo.

Le cas Windows Phone 8

A l’heure des comptes, on se rend compte d’une chose : le Nokia Lumia 900 se retrouve à la croisée des chemins. Smartphone Windows Phone 7.5 le plus abouti à ce jour, le dernier né du constructeur finlandais ne fera pas partie de l’aventure Windows Phone 8 mettant ainsi un terme à des mois de spéculation autour du parc de terminaux Windows Phone existant. Cette nouvelle aurait très bien pu passer auprès des consommateurs si la nouvelle mouture de l’OS deMicrosoft n’apportait pas des fonctionnalités attendues par la communauté : une résolution 720p (pour le plus grand plaisir de l’écran 4,3 pouces) ou encore la possibilité de stockage flexible avec le support des cartes MicroSD.

Les possesseurs de Nokia Lumia 900, 800, 710 et 610 recevront malgré tout une mise à jour et ce dès le mois de juillet. Sous la forme de Windows Phone 7.8 cette mise à jour mettra en avant plusieurs fonctionnalités jusqu’à présent absentes des terminaux du finlandais :

le partage internet (wifi-tethering), le « flip to silence » et le partage de musique et video en streaming (Nokia Play To, une variante du DLNA certainement). Tout ceci en complément de l’interface Windows Phone 8 promise aux anciens terminaux par Microsoft / Nokia

Conclusion

Nokia se retrouve ainsi dans une position complexe : le constructeur doit rassurer les acquéreurs de son Lumia 900 sur la pérennité de leur terminal, mais il doit également donner des gages aux investisseurs sous la forme de nouveaux terminaux sous bannière Windows Phone 8. Dommage que la gamme Lumia actuelle ne soit pas du voyage, car le produit est abouti.