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Sigma DP2x

 

 
 
Capteur Foveon x3 5 Mpx, APS-C (x1,7), 1.7 Mpx/cm
Objectif 41 mm f/2.8
Stabilisation non
Viseur NA
Ecran 6.4 cm, non TN, 230000 points, 4/3,non tactile
 
Est-ce si compliqué ? Après tout, on pourrait penser que non : tout ce qu'on dit, c'est qu'un bon appareil, surtout s'il le fait payer, doit avoir un bon écran. Certains l'ont bien compris. Par exemple, la plupart des reflex ont des dalles correctes : définition au-delà des 400 000 points, gamma et température de couleurs réguliers et proches des valeurs conseillées, même leur colorimétrie est généralement passable (écart des couleurs inférieur à 7, quand les vrais bons écrans sont sous 3).

Ce n'est pourtant pas le cas des certains fabricants. Dans le monde des compacts à grand capteur, pourtant plutôt luxueux, c'est à la limite de l'incroyable : le seul qui propose un écran bien défini et correctement calibré est le Fuji X100, qui est aussi le seul à proposer un viseur ! Les Sigma DP et le Leica X1 utilisent des écrans à la définition insuffisante pour viser confortablement et à la fidélité trop approximative pour trier ses photos ou juger sa balance des blancs, alors qu'il s'agit de leur seul dispositif de visée...

Dans le cas du DP2x, voici les valeurs relevées, correspondant aux schémas ci-dessus, de haut en bas :
- température entre 6600 et 7700 K, moyenne à 7300 K (dominante légèrement bleutée) ; - gamma entre 2,7 et 3,9 (gris moyens beaucoup trop sombres) ; - deltaE entre 2 et 15,4, moyenne à 9,4 (couleurs très approximatives). La définition à 230 000 points est en outre largement insuffisante, notamment pour vérifier la netteté de l'image en mise au point manuelle.

Les Sigma DP sont une famille à part. D'abord, ce sont des compacts à grand capteur, cas quasi-unique - seuls le Leica X1 et le Fuji X100 sont dans la même famille. Ensuite, ils ne misent pas sur le petit grand-angle, mais au choix sur un vrai grand-angle 28 mm (DP1 et suivants) ou sur un standard 41 mm (DP2 et suivants). Enfin, malgré leur statut haut de gamme, ils ne fournissent que des images de... 4,7 Mpx ! Voici la troisième version du DP2, baptisée DP2x, qui doit principalement améliorer la réactivité, point faible historique de la série.

Prise en mains

On le sait, Sigma ne fait pas dans l'appareil glamour. Taillés à la serpe, ses boîtiers sortent du crayon d'un designer licencié de chez Lada ouPilatus, et sont avec les Leica les derniers survivants de l'ère argentique — comprendre : la sensibilité n'y est pas considérée comme un paramètre photographique à part entière, les modes de prise de vues sont limités aux PSAM et la vidéo n'est présente qu'accidentellement.

Le DP2x est à cet égard identique au DP2s : le boîtier est le même jusqu'au dernier picot. Les assemblages sont irréprochables et la sensation de solidité réelle ; mais la surface est toujours aussi glissante, l'ergonomie toujours aussi étrange (pas de molette de réglages, des menus ventilés sur les touches OK, Menu, QS et le mode Setup, des réglages qu'il faut valider deux fois et d'autres pas...)...


...l'écran toujours aussi dépassé (cf. encadré), la mise au point manuelle toujours aussi malcommode, les bruits de l'objectif toujours aussi stressants, bref : rien n'a changé.

Réactivité

Comme le DP2s en son temps, le DP2x revendique plus de rapidité que le précédent modèle, en particulier au niveau de l'autofocus.

C'est indéniable : tous les constructeurs n'arrivent pas à gagner une seconde sur la mise au point et une autre sur l'enregistrement d'une image entre deux générations d'un même modèle. L'autofocus en pleine lumière devient acceptable, même si d'autres (compacts classiques, µ4/3 et NEX notamment) font toujours un peu mieux. L'enregistrement d'une image, lui, de terriblement agaçant, devient moyen : le DP2x est sous les deux secondes.


En revanche, le temps de démarrage n'a pas changé : 4,6 secondes. Inadmissible et rédhibitoire, tout simplement.

Qualité d'image

Rappelons-le : le capteur Foveon x3 des appareils Sigma ne peut être noté selon les critères habituels. Il délivre des images de 4,7 Mpx, ce qui paraît ridicule à l'heure où les plus petits capteurs en circulation font 12 Mpx, où les compacts courants grimpent à 16 Mpx et où les 20 Mpx sont en vue sur des reflex amateurs.

La différence, c'est qu'il capte sur chaque pixel les trois couleurs de base, alors que les capteurs classiques, dits "à matrice de Bayer", n'en capturent qu'une. Ceux-ci reconstituent les couleurs manquantes au cours du dématriçage, opération qui risque de créer du moiré ; pour limiter celui-ci, ils sont équipés d'un filtre "passe-bas", qui floute délibérément l'image. Résultat : leurs Mpx sont en partie illusoires, ils ne peuvent passer d'une couleur à une autre radicalement différente sur deux pixels adjacents.

Le capteur Foveon, lui, n'a pas de dématriçage, donc pas besoin de filtre passe-bas : ses pixels sont de vrais pixels, totalement indépendants de leur voisin.


L'image est donc, si l'optique suit (et c'est le cas du 41 mm f/2,8 des DP2, extrêmement piqué sur l'ensemble de l'image), "parfaite" pour sa définition. Sur l'extrait à 50 ISO, vous pouvez ainsi distinguer des courbes de niveau d'un pixel d'épaisseur, qui seraient floutées par le dématriçage sur un capteur à matrice de Bayer, et les moindres détails des composants.

Du côté de la gestion du bruit, le DP2x apporte une nette amélioration par rapport au DP2s, et la position 800 ISO est utilisable sans trop d'arrière-pensée... comme sur des compacts à capteur BSI CMOS, souvent bien moins chers ! Par rapport aux appareils à "grands" capteurs de Bayer, comme les reflex, les µ4/3 ou les Leica X1 et Fuji X100, en revanche, la comparaison reste cruelle pour le Sigma : eux grimpent plutôt à 3200 ISO sans dégradation gênante...
 




Reste que l'amélioration du traitement d'image est réelle, et dans bien des domaines. La balance des blancs par exemple reste perfectible, mais n'est plus totalement délirante sous éclairage artificiel. Mieux vaut toujours, ceci dit, utiliser le plus possibles la balance des blancs manuelle, ou mieux encore travailler en Raw : le DP2x n'aime toujours pas les lumières d'intérieur.

Enfin, l'absence de stabilisation, peu gênante sur un grand-angle, commence à être remarquée sur un appareil doté d'un objectif "standard", et les performances en macro sont tout simplement risibles selon les standards actuels. Ça ne gênera pas tous les utilisateurs, mais mieux vaut être prévenu...

Au total, le DP2x mérite donc aisément cinq étoiles en qualité d'image... pour certains utilisateurs bien précis. Pour les autres, la sensibilité digne d'un petit capteur et l'absence de stabilisation limitent à trois.

Vidéo

320x240 pixels ? De qui se moque-t-on ?!


Que Sigma abhorre la vidéo, c'est son droit, et ce n'est pas un problème. Mais dans ce cas, que le constructeur ait l'honnêteté élémentaire d'éradiquer le mode vidéo de son appareil, comme Leica l'a fait sur son X1.

 
 
 

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Construction soignée et solidité apparente

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Qualité optique et résolution étonnantes

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Réglages manuels

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Qualité d'image jusqu'à 400 ISO

 

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Raw fortement conseillé, notamment passés 400 ISO

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Réglages manuels par boutons, sauf pour la mise au point

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Écran indigne d'un appareil de cette gamme

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Lenteur insupportable au démarrage

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Mode vidéo d'un ridicule achevé

2
Le Sigma DP2x est un appareil totalement atypique. Il propose une qualité d'image extraordinaire pour qui saura le maîtriser. En revanche, l'ergonomie discutable, la lenteur en particulier au démarrage et la sensibilité à peine meilleure que sur les compacts à petits capteurs sont de grosses limitations...


20/07/2012
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