geekulture

The Elder Scrolls V : Skyrim

Test de Skyrim

 

 

Succéder à Oblivion n’a rien d’aisé sur le papier. Et pourtant, The Elder Scrolls V : Skyrim s’y emploie avec une maestria phénoménale.

A quoi reconnaît-on un grand jeu ? Qu’est ce qui sépare fondamentalement un excellent titre d’un chef d’œuvre inoubliable ? Bien souvent, la frontière est ténue et il suffit simplement d’un détail, d’une anecdote pour faire basculer la critique dans un torrent d’éloges. Dans le cas de Skyrim, c’est précisément lundi dernier, à cinq heures du matin, que la Révélation a eu lieu. Après une session de quatorze heures non stop, votre serviteur a souhaité piquer un somme légitime. Mais avant cela, un petit détour par la cité de Blancherive s’imposait. Pour y vendre du matos superflu et encombrant. Puis pour y initier une nouvelle quête à faire le lendemain. Sans oublier d’aller livrer toutes ces têtes de sorcières décapitées aux Compagnons… Bref, sans même que je m’en rende compte, trois heures supplémentaires s’étaient écoulées. Honnêtement, quand un jeu parvient à vous faire perdre toute notion du temps, à vous fasciner jusqu’à l’épuisement grâce à un charme quasi-hypnotique, à vous transporter en un clin d’œil dans un univers à la fois profond, riche et dense … Quand les qualités d’un jeu vous font réaliser tout cela malgré la fatigue d’une nuit blanche imprévue, on ne peut que s’incliner et placer d’emblée Skyrim au panthéon de sa ludothèque. De toutes les ludothèques.

Skyrim-XBOX-360-63612

Incipit

Mais reprenons du début. Sans surprise ou presque, c’est dans la peau d’un prisonnier que l’on débute son odyssée. Transporté que l’on est sur une carriole bringuebalante, on a juste le temps de faire connaissance avec quelques personnages devisant des premières braises d’un conflit amené à prendre une toute autre ampleur par la suite. C’est aussi à ce moment-là que l’on créé son héros. Race, genre, look, on peut aussi bien opter pour un Nordique bien costaud que pour une Khajiit svelte et élégante. Hormis quelques spécificités propres aux différentes races, le choix de son personnage reste de l’ordre de l’esthétique pure et simple. Juste après la création, sans transition ni préambule, les gardes décident de vous exécuter. Et c’est là, la tête posée sur le billot, les yeux tournés vers la hache du bourreau que l’aventure débute réellement, grâce à l’irruption bienvenue d’un dragon. La suite, c’est au joueur de l’écrire.

Skyrim-XBOX-360-63608

Un monde ailleurs

A l’image de cette scène d’introduction dotée d’une mise en scène plutôt audacieuse, on sent immédiatement les progrès que Skyrim apporte en terme d’immersion par rapport à ses prédécesseurs. Car même si la série des Elder Scrolls a toujours usé d’un pouvoir d’attraction, c’est la première fois que l’on est aussi vite happé dans l’un de ses volets. La suite des événements confirme d’ailleurs cet ébahissement initial à la faveur de plusieurs scènes marquantes et de discussions avec des PNJ plus énergiques qu’à l’accoutumée, ce qui a le don de réellement dynamiser le récit. Bien sûr, à cette mise en scène soignée s’ajoute la qualité d’écriture renversante à laquelle la saga nous a habitués. On l’a déjà dit -il ne faut pas avoir peur de se répéter tant la quantité de travail paraît presque irréelle- mais l’univers de Skyrim s’avère d’une richesse incommensurable. Les mythologies classiques du continent de Tamriel se mélangent aux légendes de la région Bordeciel pour former toute une galaxie d’histoires entremêlées. Des histoires que l’on peut mieux connaître en parlant aux personnages que l’on croise, en leur demandant leur avis, leur position sur tel ou tel sujet. Mais on peut tout aussi bien trouver et consulter les livres disséminés (et intégralement traduits) par centaines dans le jeu, ce qui est franchement renversant quand on y pense.

Skyrim-XBOX-360-63599

Une partie, une vie

Cela dit, il n’est pas nécessaire de connaître sur le bout des doigts l’intégralité des ouvrages de la bibliothèque de Fordhiver pour apprécier Skyrim. Le jeu possède d’ailleurs cette capacité incroyable à fasciner que l’on choisisse de s’en tenir à l’aventure principale ou bien que l’on s’adonne à toutes sortes d’activités annexes. Concrètement, le jeu de Bethesda s’articule autour de trois types de missions. Il y a la trame principale qui nous amène à comprendre pourquoi les dragons sont de retour en Bordeciel. Et pourquoi le personnage que l’on incarne est en mesure de capturer l’âme de ces créatures. Ensuite, on trouve un deuxième pan de quêtes vouées le plus souvent aux différentes factions que l’on est en mesure de rejoindre. C’est avec ce genre de missions que l’on peut choisir son camp entre l’Empire et les Sombrage, les deux clans se livrant une véritable guerre civile en Bordeciel. Il est aussi possible de rallier la cause des Compagnons de Blancherive, des Mages de Fordhiver ou encore celle de la Confrérie Noire. Autant de possibilités passionnantes qui contribuent à se forger un personnage absolument unique. Et qui offre derechef le sentiment d’une profondeur à nulle autre pareille ainsi que des folles perspectives de rejouabilité, si l’on décide de recréer un héros empruntant une voie radicalement différente. Enfin, il reste aussi une poignée de quêtes, renouvelable à l’infini, se contentant de nous faire collecter des objets, tuer des cibles menaçantes ou de trouver telle ou telle arme cachée. Bref, tout ça pour dire qu’après 35 heures passées en Bordeciel, il est bien difficile d’entrevoir ne serait-ce que des prémices de fin d’aventure.

Skyrim-XBOX-360-63618

Qu’importe le flacon…

Même si l’appréciation d’un jeu comme Skyrim repose avant tout sur des critères plus métaphysiques qu’autre chose, venons-en aux aspects concrets, comme la progression de son personnage par exemple. Oubliez le level-scaling un peu douteux d’Oblivion, ce nouvel épisode reprend à sa sauce le système de Fallout 3. Concrètement, les ennemis rencontrés ont un niveau à peu près fixe d’un bout à l’autre du jeu. Ce qui signifie que le bandit de grand chemin tout miteux que vous pouvez terrasser sans peine au début de l’aventure ne deviendra pas un champion vêtu d’une armure légendaire cinquante heures plus tard. Corollaire logique de ce système, on peut très bien tomber sur bien plus fort que soi lors des premières heures. Et même si le jeu laisse la possibilité (regrettable…) de changer la difficulté du jeu à tout moment, y compris pendant un combat, il vaut mieux ne pas s’aventurer n’importe où sans semer des sauvegardes ici et là. Quoi qu’il en soit, la prise d’expérience ne se fait pas en massacrant du troll à tour de bras ou en achevant des quêtes. Non, l’XP se collecte en accomplissant des exploits liés à la vingtaine d’Ecoles du jeu. En fait, les Ecoles regroupent une liste de talents liés à des domaines en particulier, comme la maîtrise des armes à une main, des armures lourdes, des magies curatives ou des sorts d’altération. La progression fonctionne donc sur une logique empirique. Plus on a recours à un registre précis, plus on le fait grimper en niveau. Pour devenir costaud, on a donc le choix entre privilégier deux ou trois écoles que l’on booste à tout-va, ou l’on peut opter pour un héros polyvalent, capable de manier l’art de la sorcellerie, de l’épée, voire même du crochetage et de l’éloquence avec la même facilité. Au final, Skyrim n’impose donc aucune barrière au joueur. Ce dernier est totalement libre dans l’orientation de son personnage, ce qui contribue évidemment beaucoup à l’immersion.

Skyrim-XBOX-360-63615

This is… Skyrim !

Mis à part certains éléments de l’ordre du détail, comme l’intégration des enfants par exemple, le domaine où Skyrim a énormément évolué depuis Oblivion réside dans la gestion des combats. Ces derniers sont beaucoup plus dynamiques que par le passé, que l’on se batte au corps à corps ou bien à distance. Avec des haches dans chaque main, en se retranchant derrière un bouclier, avec des sortilèges dans chaque main pour balancer des boules de feu monstrueuses, avec un arc tirant des flèches enchantées, avec une armée de morts-vivants ressuscités spécialement pour se battre… Quels que soient les moyens mis en œuvre, les combats s’avèrent intenses et réjouissants. Bon, avouons que tout n’est pas non plus parfait de ce côté-là. Les exécutions, sortes de finish-moves en slow motion façon Fallout 3, ne sont par exemple pas très réussies. Plus grave, sur notre version test (Xbox 360), plusieurs combats ont été ruinés par un pathfinding en souffrance, que ce soit à cause d’un ennemi bloqué par une marche d’escalier, ou bien à cause du héros bêtement coincé entre un mur et un allié aussi idiot qu’inamovible. Mais en dehors de ces écueils et autres bugs inconséquents, Skyrim s’apprécie donc aussi du strict point de vue de la bastonnade.

Skyrim-XBOX-360-63620

Simple et efficace

Comme on vient de l’annoncer, le test a été réalisé à partir d’une version Xbox 360. Si toute la dimension « modding » nous échappe fatalement pour l’instant, on peut malgré tout parler de l’interface qui semble, elle, avoir été conçue pour le confort du pad. La navigation très épurée permet en effet de passer aisément de la map à l’inventaire, des magies aux compétences à faire évoluer. Et en ce qui concerne l’inventaire, les néophytes en matière de RPG de ce type, qui ne veulent pas perdre leur temps à comparer deux épée en fer pour décréter laquelle leur sied le mieux, seront heureux de trouver de petits indicateurs permettant de visualiser en un coup d’œil les meilleurs pièces d’équipement à disposition. On peut ensuite placer tout ce que l’on souhaite dans un menu « favoris » accessible avec la croix directionnelle de la manette. Même au plein milieu d’un combat, on peut donc passer d’une configuration offensive (une hache de troll bien massive dans chaque main) à une solution de repli (double soin) ou encore à une stratégie intermédiaire (bouclier et éclairs magiques). Enfin, c’est aussi à l’aide d’une simple pression sur l’un des boutons de tranche de la manette que l’on peut accéder à certaines aptitudes à débloquer. Des transformations ou des cris spéciaux par exemple. Mais nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher d’éventuelles surprises.

Skyrim-XBOX-360-63617

« C’est pas joli mais c’est beau »

Pour finir, il faut bien évoquer la réalisation, un secteur où s’exerce également la fascination que l’on éprouve à l’égard du jeu. Pendant que vous jouez, certaines mauvaises langues peuvent venir vous dire qu’il y a un max de clipping, des micro-freeze ou des textures pas toujours très fines. Ce à quoi, le joueur immergé dans Skyrim depuis belle lurette a tendance à répondre : « Ah oui ? Et alors ? » En clair, le jeu de Bethesda s’apprécie davantage du côté de l’infiniment grand que de l’infiniment petit. Ce qui importe, ce n’est pas que la première marche de cet escalier soit pixelisé… mais bien que cet incroyable escalier nous embarque jusqu’au sommet d’une montagne enneigée, majestueuse et imposante, où un village fortifié a été bâti ! Clairement, la région Bordeciel est l’une des étendues les plus merveilleuses qu’il ait été donné de visiter dans un jeu vidéo. De ses reliefs aux pics acérés jusqu’à ses plaines glacées où vagabondent des mammouths, en passant par ses donjons crasseux, ses cités médiévales ou encore par ses sublimes lacs baignés d’un soleil froid, tout est absolument sidérant de beauté dans Skyrim. Et pour ne rien gâcher, on évolue constamment en compagnie d’une bande-son magistrale, qui participe grandement au côté envoûtant du reste du jeu.

Skyrim-XBOX-360-63595

Et y rester

Allez, un petit état des lieux en guise de conclusion. 35 heures de jeu et des poussières. Personnage de niveau 22, spécialisé dans la magie destructrice et les sortilèges curatifs. Quête principale gentiment mise de côté au profit de missions annexes aux objectifs tellement vastes que cela en devient vertigineux. Carte du monde à peine déflorée. Il reste tant de recoins à visiter et de donjons à nettoyer. Statut social du personnage ? Elevé au rang de Thane du Jarl dans plusieurs cités, ce qui lui donne droit à une maison où entreposer ses trésors, ainsi qu’au recrutement d’acolytes fidèles et dévoués. Malheureusement, Lydia (c’était son nom) est tombée au combat. Adieu Lydia. Statut social du testeur ? Porté disparu auprès de ses proches depuis longtemps. Prévoit de retourner à Bordeciel sitôt cet article terminé. Retourner à Bordeciel et y rester.

 

 

  • En résumé

 

Ensorcelant. C’est peut-être l’adjectif le plus adapté pour résumer l’expérience Skyrim, titre dans lequel on se retrouve happé pour mieux s’y lover sans aucune réticence. Richesse vertigineuse, beauté suffocante, progression addictive soumise à une écriture exceptionnelle, ce cinquième Elder Scrolls tutoie véritablement la perfection.

  • Les plus
  • Un monde sublime à découvrir
  • Une aventure fascinante
  • Les combats très aboutis
  • Les moins
  • Quelques bugs ici et là

note: 19/20



28/03/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 20 autres membres